La diffusion, un piège pour les petits

La diffusion, un piège pour les petits

POUR EN FINIR AVEC LE FANTASME DE LA DIFFUSION NATIONALE.

En avant propos je souhaite rappeler ce que Paul Otchakovsky Laurens (P.O.L Editeur) dit : "C'est à l'auteur de défendre son livre."

Ce que croient les auteurs ?

Que leur livre va se trouver dans toutes les librairies de France parce qu’ils ont été acceptés par un éditeur... il est légitime d’avoir cette espérance, cette envie. Personne n’écrit pour soi seul. C’est parfois vrai avec les grandes maisons (encore faut-il y entrer), mais pas toujours. Seuls sont vraiment vendus ceux sur qui la maison met beaucoup d’argent en promotion. Pour les autres, ils espèrent que le bouche-à-oreille fonctionnera. On ne peut pas miser sur tous les tapis verts en même temps.

Entre vous et le lecteur, il y a des acteurs économiques qui se moquent de ce que vous avez écrit. Il font du business. Ce n’est pas le cas de l’éditeur puisqu’il vous a choisi, selon ses propres critères.

Une fois édité par une petite maison, serez-vous présent en libraire ? Oui et non.  Oui parce que votre livre pourra être commandé et retiré dans n’importe quelle librairie et non parce qu’il n'y sera pas physiquement.

Comment fonctionne cette fichue filière du livre ?

L’éditeur et l’auteur ont un intérêt commun : que leurs livres soient lus.

Pourquoi alors ne pas s’inscrire dans la logique économique de l’édition ? Simplement « parce que les autres veulent pas. Les autres ils disent comme ça… »

Les autres ce sont les grands groupes éditoriaux qui tiennent le marché et qui n’ont aucun intérêt à ce que d’autres s’interposent dans un business qui marche très bien pour eux. Ils détiennent les clés de l’édition, de la diffusion, de la distribution et parfois même du vendeur final.

Prenons quand même l’hypothèse que nous avons été acceptés par un diffuseur national. Comment les choses vont-elles se passer ?

Le diffuseur va envoyer en plus des commandes spontanées de vos copains, « l’office ». C’est-à-dire, toutes ses nouveautés et donc votre roman. Mais il va recevoir ça de tous les éditeurs, et comme il parait 5000 titres nouveaux par an, le libraire qui a besoin de vendre pour couvrir ses charges devra faire un choix. C’est là que les soucis commencent.

Entre d’Ormesson, Chattam, Pancol, Nothomb et machin ou truc, qui croyez-vous qu'il va choisir ?

Voici ce que m’a écrit il y a peu un intervenant, Michel R. qui connait bien le métier :

 "Bien sûr je connais les difficultés des petites maisons. Être dans l'office (*) ne garantit pas la présence dans les librairies. J'en connais beaucoup qui n'ouvrent pas les cartons. De plus les commerciaux trient également. Si un livre contient dans sa 4e de couverture des références à une région, ils chargent cette région, mais font l'impasse sur le reste du territoire. Si vous n'appartenez pas au 20 premières maisons d'édition tout en étant dans l'office le livre ne sera pas mis en rayon. Il dort dans les cartons jusqu'au jour du retour."

Le retour c’est-à-dire le droit donné aux libraires de retourner les invendus au diffuseur-distributeur qui les retournera à l’éditeur ou les enverra au pilon. Le taux de retours est estimé entre 60% et 70%. L’éditeur va supporter l’intégralité du poids financier de l’opération (imprimerie, acheminement aller et retour). Il paiera pour 100 livres, mais ne fera du chiffre d’affaires que pour 30.

À ce jeu seuls les « gros » peuvent tenir parce qu’ils ont des locomotives qui absorbent ces coûts, d’ailleurs tout ça est calculé d’avance (voir l’article : le droit de retour, machine à broyer).

Que pouvons-nous faire pour survivre au milieu de tout ça ?

 Ne compter que sur nous-mêmes !  Je suis chaque fois désolé de devoir m’appuyer sur la bonne volonté des auteurs dont ce n’est pas le rôle pour qu’ils fassent des salons et des dédicaces. Je ferais volontiers autrement, mais je n’ai pas d'autre choix. Les autres non plus.

  • Les petits éditeurs n’ont pas de diffuseur national . En auraient-ils un que ça ne résoudrait pas tout.
  • Les livres sont déclarés dans les bases de données qu’utilisent les libraires.
  • Ils sont référencés dans les grandes librairies en ligne (amazon, cultura, fnac, decitre, chapitre…).
  • Nous participons à des salons, nous y invitons nos auteurs lorsque c’est possible.
  • Des dédicaces dans les librairies dans l'ensemble plutôt accueillantes.
  • Leur version numérique est diffusée dans une centaine de points de vente sur internet.

Lorsque vous voyez sur le site d’un petit éditeur : diffusion nationale, il s’agit de l’inscription de votre titre dans les bases de données Dilicom et Electre, pas plus.

Bien sûr dans ces conditions, pourquoi ne pas s’auto-éditer. Pourquoi pas, en effet, c’est la mode d’écrire. Tellement simple avec un ordinateur. 

L’éditeur qui vous a accompagne tout au long du processus de publication et de présentation (direction d’ouvrage, mise en page, réalisation de couverture, référencement, conversion en version numérique…) est un filtre. Il vous sort de la multitude dont les lecteurs avertis ne savent que penser. C’est important, un livre d’éditeur bénéficie d’une meilleure image. Pour un lecteur, c’est déjà un gage de qualité.

Et beaucoup de salons n’ouvrent plus leurs portes aux auto-édités. 

Alors, pourquoi suis-je éditeur ?

 Il m’arrive de me poser la question. Je crois simplement parce que j’aime ça ! Pas tout, comme dans tout métier, mais la relation avec les auteurs, la direction d’ouvrage, aboutir depuis un manuscrit à un objet fini en fond et en forme, oui j’aime ça !

Et soyez sûr que je ne m’enrichis pas autrement qu’intellectuellement. Je ne perçois aucune rémunération, sous quelque forme que ce soit. Les marges des éditeurs sont très faibles (encore une idée reçue qui veut que les éditeurs sont opulents sur le dos des auteurs), à peine plus que celle des auteurs, mais nous avons des charges d’entreprise à acquitter (TVA, contribution foncière, etc.).

 

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