Longue conservation

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Octave ne range pas, il amasse, il empile ! Tout fait ventre pour sa syllogomanie. Chaque espace, chaque recoin est l'occasion pour lui de conserver ce qui ne sert plus et ne servira plus.

Myriam l'a quitté, son fils l'ignore, ses élèves le méprisent, alors les objets inanimés qui ont rendu l'âme (tiens, ils en ont donc une ?) font de lui un homme heureux.

Quantité

Octave ne range pas, il amasse, il empile ! Tout fait ventre pour sa syllogomanie. Chaque espace, chaque recoin est l'occasion pour lui de conserver ce qui ne sert plus et ne servira plus.

Myriam l'a quitté, son fils l'ignore, ses élèves le méprisent, alors les objets inanimés qui ont rendu l'âme (tiens, ils en ont donc une ?) font de lui un homme heureux.

9782492973123

Fiche technique

Nombre de pages
168
Genre
Roman
Epoque
XXIe siècle
Date de parution
Mars 2023

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07/08/2023

M

ean-Pierre BROUILLAUD Longue conservation Octave souffre de syllogomanie. « Il faut tout garder. Je garde tout, sans sélection, sans tri, sans hiérarchie, sans préférence. Les choses qui possèdent une valeur sentimentale comme celles qui semblent a priori en être dépourvues (mais les apparences peuvent être trompeuses, car qui sait où se nichent les sentiments ?) ; les choses qui ont rendu l’âme comme celles qui paraissent la détenir encore. » Ainsi, il garde son vieux vélo alors qu’il vient de s’en acheter un autre, le ballon d’eau chaude qui fuit alors que le plombier lui en a installé un autre, de même pour le ventilateur, la cafetière, les journaux, les prospectus, les tubes de dentifrice terminés, les bulletins de caisse… Il conserve « au cas où ». Son appartement est plein, s’y déplacer un exploit. Myriam, sa femme, le quitte ; son fils, Jérôme, s’éloigne de lui jusqu’à une rupture « molle ». Dans sa profession, prof de musique, un élève lui dit que « sa matière ne compte pas » et son principal lui dit de ne pas prendre toute la place dans la salle des profs. Plus il accumule, plus sa vie privée et professionnelle se délite et il répète presque à chaque chapitre « Je suis un homme heureux ». Longue conservation est un court roman où pour Octave rien n’est périmé. Ce dernier essaye de donner raison à la déraison, une logique à la folie, ce qui lui donne une grande force de tragicomédie. On retrouve dans ce texte l’humour fin de ses précédents romans, des travers de la vie ordinaire et beaucoup de plaisir pour le lecteur. Michel Lansade (07/08/23)

13/04/2023

Livrogne

L’avis de Livrogne : Nous retrouvons avec plaisir un auteur qui nous est cher et dont nous avons déjà parlé dans nos chroniques. Jean-Pierre Brouillaud est un peu un touche à tout de l’écriture, à la fois auteur de pièces, de chansons, de nouvelles. On retrouve dans cet opus son sens de la narration et de la mise en scène. “Longue conservation” pourrait être joué en effet comme un monologue au théâtre. Le récit semble commencer comme une tirade un peu banale, sur fond d’une de ces chroniques parlant des personnes atteintes de “syllogomanie”, en français une sorte d’habitude qui consiste à accumuler les objets jusque, parfois, à la limite du possible, ou en tout cas dans des proportions qui choquent le commun des mortels. Et on se dit, mais comme c’est idiot d’entasser comme ça “bêtement” toute sorte de choses, cela relève de la psychiatrie assurément… Comme ces gens doivent être malheureux ! Eh bien c’est ici que l’auteur donne un tour différent à son personnage. Cette accumulation est peut-être un choix, une façon de se rassurer ou un état d’âme…. L’âme justement, c’est ce qui donne tout son sens à cette histoire à l’apparence glauque. Si le personnage conserve ces objets, ce n’est pas sans raison. Loin d’être une manie sans but, un errement de l’esprit, l’auteur explique magnifiquement ce qui se passe dans la tête de cet “hurluberlu”. longue conservationNon ce n’est pas un errement ou une lubie incompréhensible, mais un respect profond de ces objets, parce que ce ne sont pas des objets, ou si c’en est, ils ne sont pas simplement des matières, ils sont bien plus. Ne dit-on pas d’un appareil qui ne fonctionne plus qu’il a “rendu l’âme”…? La narration se déroule dans une sorte de ton que l’on pourrait trouver décalé, en tout cas, ambivalent, où cet entasseur peut être vu comme sincère mais bizarre, sérieux mais drôle, sait-on, authentique mais étrange, enfin un personnage attachant, qui nous dévoile les contours de sa personnalité, de ses étrangetés, mais est-ce vraiment étrange ? Une fois que l’on a compris, on se demande si, au fond, la philosophie élémentaire ne serait pas de respecter les objets, au-delà de leur mort supposée, parce que même s’ils ne fonctionnent plus, perdent-ils pour autant leur magie, leur intérêt, leur sens ? Ne devrions-nous pas vénérer tout ce qui nous entoure et encore plus après la limite de leur usage, plutôt que de les déconsidérer et de les abandonner lâchement, comme des animaux, les vacances venues ? Ce bouquet de fleurs n’est-il pas un symbole encore vivant de la personne pour qui il a été offert, et ce climatiseur en panne ne pourrait-il pas avoir un avenir, même lointain ? C’est, en tout cas, un ouvrage pas comme les autres, distrayant et qui, mine de rien, soulève de nombreuses questions philosophiques et interroge sur notre rapport au matériel, aux plantes, aux appareils ou aux médias… Quant à la fin, elle peut sembler incongrue, mais là aussi, un sens profond, caché semble se dessiner, à moins que ce soit une simple note de burlesque, ou un pont sur de nouvelles réflexions laissées au lecteur… “Et bêtement, voire injustement, pendant des années, j’abandonnais le journal, une fois lu, sur un siège, une banquette ou une poubelle. Et puis, à partir du moment où j’ai commencé à garder et entasser chez moi les objets du quotidien, d’abord les fleurs offertes à l’enterrement de ma mère, puis les prospectus dans la boîte aux lettres, puis peu à peu tout le reste, bref, à partir du moment où j’ai décidé d’être un homme heureux, j’ai évidemment entrepris de conserver également les journaux et magazines dont je faisais l’acquisition, car rien ne justifie qu’ils soient victimes de discrimination.”